Dublin
a dit non. Après dépouillement officiel de plus de 864 000 bulletins, le
Non l’emportait par 53,85% contre 46,15%.
Face à cette
situation, qui ressemble étrangement à celle que la France a créée à
l’issue du référendum sur le traité constitutionnel européen, quels sont
les plans B ?
Les officiels
français, qui ne doutent décidément de rien, préconisent en priorité de
faire repasser les Irlandais aux urnes, sur la base d’un texte aménagé.
C’est cette démarche qui avait permis d’arracher, en 2001-2002, leur
accord sur le traité de Nice. L’espoir serait alors, selon eux, de
permettre une entrée en vigueur du traité de Lisbonne après les
élections européennes de juin 2009. Sauf que les Irlandais ont déjà
prévenu qu’on ne leur imposerait pas le chemin des urnes une deuxième
fois sur ce texte.
En attendant, c’est
le statu quo obligé, c’est-à-dire la poursuite de la carrière du traité
de Nice, malgré la lourdeur de fonctionnement qu’il impose à l’Europe
des Vingt-Sept. Difficile d’envisager une autre option, d’autant que
personne n’a envie de s’attaquer de nouveau au traité de Lisbonne,
lui-même étant un aménagement de la défunte « Constitution européenne ».
A moins que l’Irlande négocie d’importantes dérogations sur les points
de blocage, comme l’avait fait le Danemark après avoir rejeté, en 1992,
le traité de Maëstricht. On se trouverait alors clairement sur la pente
d’une Europe « à la carte », où chaque État cocherait les options dont
il souhaite se doter, avec éventuellement, à l’autre bout du spectre, un
groupe de pays décidés à aller plus loin dans l’intégration, formant un
noyau dur à l’« avant-garde ». Reste seulement à savoir quels seraient
ces pays et comment cet assemblage de formules d’adhésion personnalisées
pourrait correctement fonctionner. L’Europe s’engagerait alors sur la
pente d’une complexité et d’une illisibilité toujours plus grande,
toujours moins « gérable » et toujours plus impopulaire.
Reste la solution,
face à toutes ces pentes dangereuses, de prendre enfin du recul, de
questionner profondément les bases du système actuel et de repartir du
besoin réel des peuples... mais là, quelle audace !
Gabriel des MOËRES
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