|
Tony
Blair a de nouveau de bonnes chances de devenir le premier président du
Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement, une nouvelle
fonction créée par le traité de Lisbonne. Le fait qu’il ait soutenu la
guerre en Irak n’est, en effet, plus considéré, à Bruxelles, comme un
empêchement dirimant. « Il bénéficie d’un grand soutien au sein du
Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement », souligne-t-on à
la Commission.
De fait, la nomination d’Anders Fogh Rasmussen au poste
de secrétaire général de l’OTAN montre que la page est tournée.
Rasmussen était l’un des plus fervents soutiens de George W. Bush en
Europe et il n’a pas hésité à envoyer des soldats danois en Irak. Ce qui
ne l’a pas empêché d’être soutenu par Barack Obama ainsi que par les
gouvernements opposés à cette guerre, comme celui de l’Espagnol
Zapatero.
De
même, José Manuel Durao Barroso, ci-devant président de la Commission
européenne, qui, lorsqu’il était premier ministre du Portugal, a
organisé le sommet des Açores (photo ci-dessus et ci-contre, avec Tony
Blair, Bush et José Maria Aznar) au cours duquel fut annoncé le début de
la guerre, devrait obtenir sans coup férir un second mandat en juin
prochain : « il a l’unanimité du Conseil européen pour lui », note-t-on
dans son entourage. Dès lors, on ne voit pas très bien pourquoi Tony
Blair serait le seul à « payer » son engagement aux côtés des « néocons
» américains…
En fait, la seule chose que l’on pourrait reprocher à
Blair, c’est de « ne pas avoir joué le jeu européen », comme on le note
dans l’entourage de Barroso, en refusant d’entrer dans la zone euro et
dans Schengen et en négociant une révision à la baisse du traité de
Lisbonne. Mais tout comme Barroso, il bénéficie de l’absence
d’alternative crédible, Jean-Claude Juncker, le premier ministre
luxembourgeois s'étant passablement grillé en défendant bec et ongles
son secret bancaire : si Blair est effectivement candidat, il sera élu
par le Conseil européen.
Ainsi, trois des principaux postes européens seraient
occupés par des partisans de la guerre en Irak, ce qui, convenons-en,
serait pour le moins amusant. Et si le Suédois Carl Bildt parvient à
décrocher le poste de ministre des Affaires étrangères de l’Union, le
tableau sera complet… Finalement, soutenir les Américains est toujours
payant…
|