27 avril
2009

 

Avoir soutenu la guerre en Irak, une voie d’avenir en Europe

 

 

Tony Blair a de nouveau de bonnes chances de devenir le premier président du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement, une nouvelle fonction créée par le traité de Lisbonne. Le fait qu’il ait soutenu la guerre en Irak n’est, en effet, plus considéré, à Bruxelles, comme un empêchement dirimant. « Il bénéficie d’un grand soutien au sein du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement », souligne-t-on à la Commission.

De fait, la nomination d’Anders Fogh Rasmussen au poste de secrétaire général de l’OTAN montre que la page est tournée. Rasmussen était l’un des plus fervents soutiens de George W. Bush en Europe et il n’a pas hésité à envoyer des soldats danois en Irak. Ce qui ne l’a pas empêché d’être soutenu par Barack Obama ainsi que par les gouvernements opposés à cette guerre, comme celui de l’Espagnol Zapatero.

De même, José Manuel Durao Barroso, ci-devant président de la Commission européenne, qui, lorsqu’il était premier ministre du Portugal, a organisé le sommet des Açores (photo ci-dessus et ci-contre, avec Tony Blair, Bush et José Maria Aznar) au cours duquel fut annoncé le début de la guerre, devrait obtenir sans coup férir un second mandat en juin prochain : « il a l’unanimité du Conseil européen pour lui », note-t-on dans son entourage. Dès lors, on ne voit pas très bien pourquoi Tony Blair serait le seul à « payer » son engagement aux côtés des « néocons » américains…

En fait, la seule chose que l’on pourrait reprocher à Blair, c’est de « ne pas avoir joué le jeu européen », comme on le note dans l’entourage de Barroso, en refusant d’entrer dans la zone euro et dans Schengen et en négociant une révision à la baisse du traité de Lisbonne. Mais tout comme Barroso, il bénéficie de l’absence d’alternative crédible, Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois s'étant passablement grillé en défendant bec et ongles son secret bancaire : si Blair est effectivement candidat, il sera élu par le Conseil européen.

Ainsi, trois des principaux postes européens seraient occupés par des partisans de la guerre en Irak, ce qui, convenons-en, serait pour le moins amusant. Et si le Suédois Carl Bildt parvient à décrocher le poste de ministre des Affaires étrangères de l’Union, le tableau sera complet… Finalement, soutenir les Américains est toujours payant…