à peu rabotés…
Le double tour de force de
la Vème République léguée par le général de Gaulle est d’avoir :
réconcilié la France avec des institutions durables et
consensuelles, après plus de 150 ans d’instabilité chronique,
émaillés de révolutions ; réconcilié la République avec un
exécutif fort et stable, notamment assis sur l’élection du
président de la République au suffrage universel direct.
La grande force de
la « Nouvelle République » mise en place en 1958, est ainsi
d’avoir placé en son cœur la souverainet
ès
exactement avec la démocratie ».
Mais cet esprit des
institutions - c’est leur point faible - implique une pratique
exigeante du pouvoir. Pour Charles de Gaulle, la force et la
primauté de la fonction présidentielle nécessitaient en retour
que son titulaire se soumette lui-même au peuple souverain et
qu’il s’élève au-dessus des partis pour être le président de
tous les Français. C’est bien entendu pourquoi le Général a
démissionné de son mandat après l’échec du référendum d’avril
1969.
Mais tous ses successeurs
n’ont pas fait preuve des mêmes scrupules : de révisions
constitutionnelles en abandons de compétences à Bruxelles, la
Vème République incarne désormais de moins en moins le peuple
souverain.
Au point que le Parlement
a pu, dans un silence assourdissant, bafouer ouvertement le
référendum du 29 mai 2005 en ratifiant un traité européen qui
dépossède un peu plus les citoyens du pouvoir de décider de leur
propre avenir.
La Vème République, pour
retrouver la pleine adhésion des Français, doit s’attaquer aux
dérives qui la minent :
en rétablissant la
supériorité du référendum et sa pratique régulière, afin de
confirmer l’adhésion des Français à l’action présidentielle ; en
permettant le retour d’un vrai multipartisme, le système
bipartisan excessivement renforcé par le quinquennat et les
réformes électorales récentes ayant tendance à étouffer la
démocratie ; en garantissant un réel pluralisme médiatique, la
détention des grands médias par des groupes privés tributaires
de la commande publique rendant celui-ci incertain ; en
établissant un vrai contrôle parlementaire sur les directives de
Bruxelles et en limitant la boulimie de compétences de l’Union
européenne ; en rétablissant le septennat qui, à l’inverse du
quinquennat, garantit une vraie respiration démocratique du
régime en dissociant élection présidentielle et élections
législatives.
La Vème République demeure
l’une des meilleures inventions institutionnelles depuis 1789,
mais une invention qu’il est urgent, en son cinquantième
anniversaire, de remettre sur ses deux jambes si on ne veut pas
la voir péricliter.
Nicolas DUPONT-AIGNAN,
Député de l’Essonne et
Président du parti gaulliste Debout la
République