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Ils
disent le « sacre »… Tous les journaux, pour évoquer le choix, par le
prochain congrès de l'UMP, d'un candidat, d'ailleurs unique, comme
représentant de la droite à l'élection présidentielle, parlent d'un «
sacre »… pas d'une élection, d'un sacre ! Et, en effet, quand, dans une
république démocratique, a-t-on vu cela ? Non pas mille, ou deux mille,
ou trois mille délégués apporter leurs mandats à un prétendant parmi
d'autres, mais cinquante mille militants surchauffés plébisciter
unanimement leur guide, leur raïs, par applaudissement… Car c'est très
exactement ce qui va se passer, et tout le monde le sait déjà ! Un
congrès avec cinquante mille figurants, même les staliniens n'osaient
pas. Et l'on s'abstiendra de citer la ville où, il y a environ
soixante-dix ans, cela se passait ! Paris Match n'a-t-il pas déjà
consacré d'ailleurs à « l'homme du destin » une « une » digne de la
Roumanie de Ceausescu ? France 2 ne lui a-t-elle pas affermé 3 heures
d'antenne ? N'assiste-t-on pas, jour après jour, à l'utilisation cynique
de l'appareil d'Etat, de la bureaucratie d'Etat, des transports d'Etat,
des infrastructures d'Etat par celui qui, aux frais de l'Etat, impose de
plus en plus, et pas seulement aux médias d'Etat, sa candidature d'Etat
? Jamais, d'ailleurs, le candidat à une élection présidentielle n'exerça
en même temps la fonction qui consiste à organiser les élections
présidentielles.
Faire virer le patron d'un
grand journal qui a commis un crime de lèse-majesté, intervenir pour
faire nommer une copine dans telle radio, empêcher la nomination d'un
directeur de la rédaction qui ne vous plaît pas, s'inviter à la
principale télé quand on veut, à l'heure qu'on veut, sous la forme qu'on
veut, faire le vide en détruisant ou en éliminant tous ses concurrents,
se promener entouré d'une cour et d'une garde personnelle, transformer
de nombreux journalistes en serviteurs, mobiliser en sa faveur toutes
les puissances d'argent, stigmatiser et agresser systématiquement les
contradicteurs… Question : s'agit-il d'un candidat démocrate à une
élection républicaine ou d'un apprenti petit César se présentant
effectivement à un sacre impérial ? Et si les citoyens que l'on cherche
à subjuguer donnaient leur avis ! |