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L'élection du Président au suffrage universel

19/01/2006

 

  


 

 

 

Durant la décennie du général de Gaulle, par son action et son prestige, accentuant ainsi la prépondérance du Président, le débat sur les institutions - dont certains pensaient qu'elles ne survivraient pas à leur fondateur- n'a cessé d'alimenter les querelles politiques.

 

Cette querelle atteint un sommet lors de la crise de 1962. Après l'attentat du Petit-Clamart, le président annonce son intention d'obtenir, par révision constitutionnelle, l'élection du président au suffrage universel. En choisissant la voie du référendum, il engage un conflit avec le Parlement.

 

 

  • Le débat du 5 octobre à l'Assemblée nationale met fin à cette très longue relation qui liait le Général à Paul Reynaud depuis les années 30. Reynaud a toujours soutenu le militaire De Gaulle, ses idées et ses projets. Mais il s'agit maintenant de juger de la constitutionnalité de la procédure engagée pour réformer le mode de l'élection du Président de la République. Reynaud qui présidait le comité constitutionnel de 1958 va même jusqu'à évoquer un "viol de la constitution" et déclare que pour les républicains, la "France est ici et non ailleurs". Une motion de censure est déposée et aboutit à la mise en minorité du gouvernement Pompidou par 280 voix contre 200

  • Le 6 octobre, suite au vote de cette première motion de censure de la Vème République, Georges Pompidou présente, la logique institutionnelle imposant une telle décision, la démission de son gouvernement. Le Général en prend acte et l'accepte. Le Premier ministre reste néanmoins en place jusqu'au renouvellement de l'Assemblée Nationale que vient de dissoudre (le 10 octobre) le Président de la République, la politique gouvernementale étant moins contestée que le projet de réforme constitutionnelle.
    Dès l'annonce de la dissolution, les leaders des partis d'opposition (Centre national des Indépendants et Paysans, M.R.P., Parti radical, Parti socialiste S.F.I.O.) ont constitué ensemble le "Cartel des Non", manifestant ainsi leur intention de rester solidaires, après le référendum, au moment des élections législatives.

  • 28 octobre : Ce n'est pas un triomphe, mais à coup sûr une nette victoire sur les conservatismes hérités de la IVème république. Le référendum portant sur l'élection du Président de la République au suffrage universel rassemble une large majorité de oui, avec 62,25% des suffrages exprimés[1]. Le taux d'abstention est de 23,03%. Les 18 et 26 octobre, le général de Gaulle s'adressait aux électeurs. Il en profite pour brocarder une nouvelle fois "les partis de jadis", le camp de la "subversion" et les "factieux, tous partisans du non. Il a lancé alors un appel aux Français pour qu'ils lui accordent leur confiance et votent massivement pour le oui et contre la "confusion". Si la réponse est non, ou si la victoire du oui est "faible, aléatoire, médiocre", il en tirera les conclusions qui s'imposent et partira : "Ma tâche sera terminée aussitôt et sans retour." Ses proches assurent qu'il réclame au moins la majorité des inscrits en faveur du oui. En fait, à défaut d'y être parvenu, il dépasse les 47%, ce qui le conforte. Il rassure son entourage : même déçu, il n'a pas l'intention de démissionner.
    La petite phrase du Général : "Les soi-disant chefs des soi-disant partis auraient préféré continuer à jouer à la belote. Mais moi, je les ai obligés à jouer au poker. Et là, je suis le plus fort."

  • Paris, le 6 novembre.
    Par 6 voix contre 4, les "sages" du Conseil Constitutionnel se déclarent incompétents face au recours de Gaston Monnerville. Le Président du Sénat a réclamé l'annulation du référendum, arguant de l'inconstitutionnalité de la loi du 28 octobre sur l'élection au suffrage universel du Président de la République. Au congrès du Parti Radical, il avait qualifié ce scrutin de "forfaiture, de violation délibéré, réfléchie et outrageante de la constitution". Preuve était apportée que la négation du suffrage universelle n'est pas une caractéristique de l'époque actuelle.

  • Le 25 novembre, les élections législatives découlant de la motion de censure votée le 5 octobre précédent voient le succès des gaullistes crédités de 32% des voix au premier tour. L'UNR-UDT obtient 229 sièges (42% au deuxième tour), un score sans égal pour aucun parti depuis la Libération. C'est une double victoire pour le général de Gaulle. Dans cette opération, il balaie les partis et élimine des adversaires emblématiques tels Paul Reynaud et Pierre Mendès France. Avec l'appui des 35 élus indépendants de Valéry Giscard d'Estaing, il dispose de la majorité absolue à l'Assemblée.
     

[1] OUI : 13.150.516 – NON : 7.974.538